Une épave flottante est aperçue en septembre 1899 au large de Saint-Pierre par le remorqueur « Liberté » du port de Saint-Pierre. « L’Edna E. » était chavirée et toute trace de vie faisait défaut à son bord. Le petit bateau dérivait au fil du courant a quelques milles au large de Saint-Pierre. Le « Liberté » a pris le bateau naufragé en remorque et il est rentré au port de Saint-Pierre le 29 septembre. Deux corps, celui d’un homme et celui d’une femme furent retrouvés à l’intérieur de la coque du petit bateau.
Naufrage
Naufrages
13/04/1897 : Vaillant
Les icebergs se trouvent assez rarement dans les parages des Iles Saint Pierre et Miquelon. Après avoir quitté leur lieu d’origine, la côte occidentale du Groenland, ils dérivent lentement en atteignant les côtes du Labrador, puis Terre Neuve, et enfin les Bancs de pêche où ils furent responsables, en plus de la perte du « Titanic » en 1912, de celle de nombreux bateaux de pêche de toutes les nationalités. C’est la perte de ce transatlantique géant qui fut à l’origine de ce que l’on appelle de nos jours « La patrouille des glaces », qui au début fut assurée par des bateaux et aujourd’hui par des avions.
Le « Vaillant », en 1897 ne pouvait compter que sur les yeux de ses veilleurs. Le 13 avril, ce navire qui se trouvait aux accores du Bonnet Flamand, heurta par une nuit noire et brumeuse un énorme iceberg. Le bateau s’ouvrit littéralement au moment du point d’impact et coula rapidement. L’équipage n’eut que le temps de mettre la chaloupe a l’eau et d’y embarquer avec les 40 passagers que transportait le « Vaillant ». La petite chaloupe erra sur la mer pendant de longs jours jusqu’au moment où un autre bateau le « Victor-Eugène » l’aperçut et se dirigea sur elle. Hélas il ne restait que quatre survivants dans un état très voisin de la mort. Ils avaient les mains et les jambes gelées et le manque de nourriture et d’eau les avait amenés à la dernière extrémité de faiblesse. Le « Victor-Eugène » les débarqua à Saint-Pierre le 27 après avoir passé deux semaines d’épouvante et de terreur.
Un souvenir tenace subsiste encore de nos jours à Saint Pierre au sujet de cette histoire du naufrage du « Vaillant ». On a longtemps affirmé dans nos îles, que les quatre survivants avaient survécu grâce à leurs camarades morts de misère et de froid et sur lesquels ils avaient prélevé des morceaux pour assurer leur survie.
05/12/1889 : Violet
Le 5 décembre 1889, les nommés Cordon Prosper, Nousel Paul, Nousel Alexis, Ibart Eugène et Ibart Joseph, pêcheurs de l’île aux Chiens, revenaient d’une partie de chasse aux eiders sur les « cailloux » de l’île Verte. En arrivant à proximité des Rochers Canailles (N.E. de l’île aux Pigeons) ils virent une goélette qui venait de s’échouer sur un rocher et qui était sur le point de tomber. Le vent soufflait avec force du Sud-Est, et la goélette ne pouvait résister très longtemps, l’équipage était voué a une mort certaine.
Cette goélette le « Violet » de Terre-Neuve, en route pour Sydney, mais qui compte tenu du mauvais temps cherchait à rentrer dans le port de Saint Pierre. Les sauveteurs au prix de très grandes difficultés réussirent à sauver l’équipage de la goélette, et l’amenèrent à l’Ile aux Chiens, où ces marins furent réconfortés et hébergés dans les familles des sauveteurs. Ceux-ci reçurent pour leur dévouement, par les autorités françaises, un témoignage officiel de satisfaction.
12/06/1888 : Président
Le trois-mâts « Président » était un navire de 10190 tonneaux de jauge nette. Il avait un équipage de 15 hommes et était commandé par le capitaine au long cours Andréas Peusen. Il était parti de la région du Saguenay au Québec pour Cardan Docks, en Angleterre, avec un chargement de bois. Le 12 juin 1888, il s’échoua sur les hauts-fonds de la côte ouest de Miquelon, non loin de la Pointe au Cheval. Le capitaine refusa d’abandonner son navire aux autorités de Saint-Pierre, jusqu’au moment où il recevrait des instructions de ses armateurs. Un expert de la compagnie d’assurance, venu sur les lieux, considéra que le navire était perdu irrémédiablement, et qu’il était préférable de la vendre immédiatement plutôt que d’attendre que le bateau soit complètement submergé et la cargaison perdue.
Le capitaine reçut des instructions de ses armateurs et il fit devant les autorités maritimes la déclaration suivante:
« Je soussigné Maître du navire « Président » échoué sur la côte ouest de Miquelon, déclare que mon navire a été condamné par un expert et un commissaire aux avaries. J’abandonne mon bateau et son chargement entre les mains du Gouvernement français qui procédera à sa vente et qui en adressera le montant à qui de droit ».
Cette vente fut annoncée par voie d’affiches. La population était vivement intéressée par ce genre de vente; cela lui permettait d’acquérir des marchandises et matériaux à des prix très bas en fonction de leur valeur marchande réelle.
Après le naufrage du bâtiment, la vente était décidée par l’administration maritime et annoncée au public par des affiches dont voici un exemple de libellé:
Mercredi 20 du courant, à deux heures de l’après-midi, il sera procédé prés de la Pointe au Cheval (Miquelon) à la vente du navire norvégien « Président » et de sa cargaison, composée de madriers. Le remorqueur « Progrès » partira de Saint-Pierre ce jour-là à 7 heures du matin, pour transporter sur le lieu où se fera la vente, les personnes qui désireront y assister. Pour connaître les conditions de la vente, on est prié de s’adresser au Bureau de l’inscription Maritime.
07/08/1881 : Southburne
Le « Southburne » était un steamer anglais qui s ‘échoua sur les rochers très près de la Pointe Plate, à l’extrémité ouest de l’île de Saint-Pierre.
Le cargo était chargé d’un bétail de choix, en particulier des agneaux destinés exclusivement à des magasins de Londres pour leurs ventes précédant la fête de Noël.
A la suite de ce naufrage sur la côte rocheuse de Pointe Plate, l’histoire locale raconte que le steamer se déchira sur les récifs, ce qui provoqua une grande panique parmi les animaux. Certains narrateurs prétendent même qu’un assez grand nombre de bêtes réussirent à grimper de la cale sur le pont au moyen d’une échelle, puis ensuite se précipitèrent à la mer où plusieurs d’entre eux gagnèrent la terre à la nage. Evidemment cette affirmation n’a jamais été prouvée.
Cette nourriture de choix prévue pour la fête de Noël sur les tables des restaurants londoniens, trouva temporairement un refuge dans les étables des fermiers de Langlade. Ces merveilleux gigots et beefsteaks qui devaient être servis sur les tables de la capitale de la Grande-Bretagne, agrémentèrent au Noël suivant, celles de Langlade, de Saint-Pierre et de Miquelon.
03/09/1880 : Henriette
L’Henriette était une goélette qui avait 23 ans. Elle avait un tonnage de 79 tonnes net. Elle était commandée par le capitaine Joseph Eustache et son équipage se composait de quinze hommes. Le capitaine Eustache nous raconte la mort de son navire.
« J’ai quitté Saint-Pierre et Miquelon le 6 août a quatre heures de l’après-midi sans le concours du pilote. Le vent soufflait modérément du sud-ouest. J’avais à bord mon équipage au complet et tout le matériel nécessaire pour pratiquer la pêche à la morue sur les Bancs. A 9 h 30 alors que je me trouvais en excellente condition de navigation, j’ai fait route pour le Grand Banc où je suis arrivé quelques jours plus tard. J’ai mouillé quatre maillons de chaînes, et tout autour du navire j’ai constaté la présence de plusieurs bateaux. Je suis resté en pêche jusqu’au 26 et quand j’ai quitté les lieux de pêche, j’avais 7,000 morues dans la cale. Le 30 je naviguais avec une petite brise de nord-nord-ouest qui dura jusqu’au 2 septembre où les vents revinrent dans la partie du sud au sud-ouest. Le même jour au soir j’ai pu apercevoir un feu situé sur la péninsule de Burin à Terre-Neuve, j’ai alors changé de direction. Le vent soufflait de nouveau de l’ouest. Dans la nuit du 2 septembre j’ai aperçu dans le nord-ouest le feu de Galantry. Il y avait absence totale de vent et le navire ne gouvernait pas. Le lendemain vers 9 h 30 du matin, le vent a pris au nord-est. J’ai donc fait route vers l’ouest. A midi j’ai aperçu la tête de Galantry dans le nord-nord-est. Aux environs de une heure du matin, j’ai changé ma route et me suis dirigé sur Saint-Pierre. J’ai réussi au prix de grandes difficultés à passer la pointe du Diamant. Voyant que le courant me drossait vers la terre, j’ai essayé de prendre la direction du large mais le navire n’a pas répondu à cette manœuvre. Mon grand mât était brisé partiellement et il y avait un grand trou dans la grande voile. J’ai tenté de nouveau d’effectuer la manœuvre que j’avais manquée antérieurement. De nouveau ce fut un échec. Ce n’est qu’après beaucoup d’efforts et de grandes difficultés que je réussis enfin a virer de bord au large de l’anse a Ravenel.
Le vent ayant changé du sud au sud-ouest, j’ai essaye de franchir la passe du Diamant. J’ai encore essayé la même manœuvre pour changer de direction mais je n’ai pu y parvenir à cause de l’erreur d’un de mes marins qui a relâché une voile à laquelle il ne fallait pas toucher. Le navire revint dans sa position première. J’ai immédiatement réalise que le navire allait s’échouer. J’ai fait mouiller les deux ancres et amener toutes les voiles. Je n’ai pu filer qu’un maillon de chaînes, car je me suis aperçu que si je filais plus, le navire serait sur les rochers. Le navire resta dans cette position environ dix minutes. Soudain deux vagues énormes arrivèrent et les deux ancres lâchèrent prise.
En quelques secondes le navire fut brisé sur les rochers. L’équipage, malgré mes ordres, mit les doris a l’eau, et quitta le navire. Je restai seul avec le saleur nommé Blanchard. Voyant que les hommes étaient partis et que le navire se démolissait rapidement (il y avait déjà un mètre d’eau dans la cale) je décidai de sauter dans un doris pour sauver ma vie. Blanchard y était déjà. L’équipage était parti, je le savais, en direction de Saint-Pierre, mais je ne savais pas s’il y était parvenu.
J’ai quitté l’Henriette vers 6 heures du soir, et je suis arrivé à Saint Pierre vers 8h30 au début de la soirée. En quittant le bateau, l’équipage avait laissé à bord tous ses effets personnels.
Il ressort de l’enquête qui a été effectuée après le naufrage, que le rapport du capitaine offre un contraste frappant avec les déclarations des hommes de l’équipage; et d’autre part, que la déclaration du capitaine quand il dit s’être dirigé vers l’ouest pour éviter les hauts-fonds, ne peut être prise en considération. La conclusion de la commission d’enquête est que la perte de la goélette « Henriette » fut provoquée par les erreurs commises par le capitaine Eustache.
23/05/1880 : A.B
L’A.B. était une goélette de 152 tonneaux, immatriculée dans le port de Bordeaux, France. Elle avait un équipage de huit hommes, et était commandée par le capitaine Clément Gendron, qui nous raconte ici la fin de son navire à la suite d’un voyage effectué entre Saint-Pierre et Sydney.
« J’ai quitté Saint-Pierre le 2 mai 1880 à destination de Sydney, Nouvelle Ecosse. Mon bateau naviguait uniquement sur un lest composé de 50 tonnes de cailloux. Ce jour-là le vent soufflait de l’Est avec assez de violence.
Le 14 j’ai rencontré des glaces, j’ai donc pris une direction plus au Nord avec l’espoir de trouver un passage. Au bout d’un certain temps je suis revenu au Sud car en continuant par le Nord il était impossible de trouver un passage pour arriver en vue de l’île de Scatari. Ayant réussi à approcher cette île, j’ai essayé de franchir le passage existant entre l’île et la terre du continent. Je n’ai pu y parvenir; je fus obligé de revenir me placer au bord de la banquise où je suis resté du 17 au 21.
Le 21 à deux heures du matin, par une brume très épaisse, je fus abordé par un trois-mâts anglais le « Québec ». Il nous a fallu deux grandes heures pour nous séparer l’un de l’autre. Mes avaries étaient importantes, mes voiles très endommagées et un de mes mâts rompu. De plus, à cause de l’abordage, mon bateau n’était plus en bonne condition pour continuer le voyage. Je pris donc la décision de revenir à Saint-Pierre. Je mis en route avec un vent violent soufflant du Sud-Ouest.
Le lendemain 22, j’ai reconnu l’île de Terre-Neuve à une distance approximative de trente milles dans le Nord. Le 23, le vent soufflait très légèrement du Sud-Ouest, avec une brume très épaisse. Je fis un sondage qui me donna une profondeur de 180 mètres. Dans cette brume épaisse je naviguais à une vitesse d’environ 3 nœuds. A 7 h 45 je procédais a un autre sondage; avec ma ligne de sonde de 180 mètres je n’ai pas trouvé le fond. A 8 h 30 le navire talonna fortement sur la dune de la côte ouest de Langlade. Aussitôt j’ai mis à l’eau une chaloupe dans laquelle nous avons déposé une ancre munie d’un câble. Nous nous sommes éloignes du navire en direction du large et nous avons mouillé l’ancre à une profondeur de 100 mètres. Malgré tous nos efforts, nous ne sommes pas parvenus à renflouer le navire en virant sur cette ancre. A 4 heures du matin, j’ai avisé l’officier de marine de Miquelon en lui demandant s’il pouvait apporter de l’aide pour renflouer mon navire. Cette personne était démunie de moyens et je restais seul avec mon équipage pour tenter de sauver mon bateau. Malgré tous nos efforts, compte tenu de la violence du ressac qui poussait le navire vers le rivage, nous fûmes obligés d’abandonner notre bateau prisonnier des sables de la dune. Je quittais mon navire avec beaucoup de regret et d’amertume car c’était un bon bateau et il n’y avait que neuf mois qu’il était construit. »
12/04/1877 : Hortense, Duguay-Trouin, Atlas, Aigle
Une violente tempête de printemps fut la cause de la perte de ces quatre navires. L’Hortense s’échoua et se brisa dans le Barachois de Saint-Pierre. Le « Duguay-Trouin » trouva sa fin sur la petite île au Massacre a l’intérieur de la rade.
En ce qui concerne les deux autres bateaux « Atlas » et « Aigle », quatre marins appartenant aux équipages de ces deux bateaux disparurent dans l’eau glacée devant les yeux horrifiés de leurs compagnons.
21/05/1874 : Niobé
Une corvette de l’amirauté britannique était en mission à Terre-Neuve et alentours pour le service de sa Majesté la Reine Victoria.
Le « Niobé » heurta un récif à proximité du Cap Blanc de Miquelon. L’équipage, composé de 23 officiers et de 130 marins, se retira sain et sauf de ce naufrage à l’exception d’un seul marin qui se noya.
Grâce au dévouement des habitants de Miquelon, tous ces hommes se rappelèrent longtemps le dévouement déployé par le population de cette localité pour les sauver de la mort. Le gouvernement anglais adressa des remerciements officiels à la population de Miquelon.
Par la suite une intense activité diplomatique fut déployée entre les gouvernements français et anglais. L’Angleterre reprochait à la France de ne pas avoir construit un phare sur le Cap Blanc, ce qui aurait empêché à coup sur la perte du « Niobé ». Il faut admettre en toute bonne foi que cette exigence anglaise était fondée et les deux pays s’étant mis d’accord, il fut décidé de la construction d’un phare. La France tint parole et deux ans plus tard, un phare très puissant fut construit au Cap Blanc à Miquelon. (voir aussi Miquelon-Langlade en passant par la dune – Eclairage des Côtes – de Rodrigue Girardin et Bernard Quelennec).
Le 17 Juin 1967, la frégate anglaise « Scarborouh » en visite à Saint-Pierre depuis trois jours, fit escale à Miquelon pour commémorer le naufrage du « Niobé « . Une cérémonie eut lieu sur le lieu du naufrage et une couronne fut jetée à la mer, à la mémoire du marin disparu. Les hommes-grenouilles de la frégate plongèrent et ramenèrent différents objets, en particulier cet écusson avec le nom de la corvette gravé sur une de ses faces. Plusieurs reliques de ce navire britannique existent encore dans l’Ile de Miquelon.
08/11/1867 : Marquis de Canisy
Le 8 novembre 1867, par une nuit de brouillard la goélette « Marquis de Canisy » fut abordée par un vapeur entre Saint-Pierre et l’île de Langlade.
La goélette atteinte dans ses œuvres vives, coula rapidement et l’équipage eut beaucoup de peine à embarquer dans les embarcations de sauvetage. Ces embarcations réussirent à gagner l’Anse de Savoyard (sud-ouest de l’île de Saint-Pierre) mais par suite du fort ressac sur tout le littoral les embarcations chavirèrent et tous les occupants se noyèrent à l’exception de l’un d’eux nommé Ballois qui réussit à gagner la terre à la nage.