Le 16 mai 1914 le brick-goélette « Etoile des Mers », capitaine Bedel, en pêche sur les Bancs de Terre-Neuve, vers 10 heures du matin, leva son ancre puis se dirigea vers un autre lieu pour se procurer de la boëtte. Le temps était brumeux au moment où le navire après avoir viré ses voiles, se dirigea vers le sud-est. Un homme était au corne à brume et il le manœuvrait d’une façon très régulière toutes les trois minutes. Le vent augmenta de façon sensible en direction ouest-sud-ouest et la brume devint de plus en plus épaisse. Vers midi, sans avoir entendu le moindre signal sonore indiquant la présence d’un navire, subitement « l’Etoile des Mers » se trouva â quelques dizaines de mètres d’un bateau trois-mâts le « Briantais », capitaine Dupuy, au mouillage et n’ayant aucune voile virée.
Compte tenu de la courte distance qui séparait les deux navires et malgré la manœuvre de dernière minute tentée par le brick-goélette, « l’Etoile des Mers » poussée par ses voiles défonça le côté tribord du « Briantais ». Cependant les dommages causés étaient plus graves pour le brick abordeur que pour le trois-mâts. Les deux bateaux restèrent plus d’une heure empalés l’un sur l’autre, et ce n’est qu’au prix de grands efforts que « l’Etoile des Mers » put se séparer du « Briantais ». Sitôt la séparation effectuée, « l’Etoile des Mers » mouilla à environ un mille du trois-mâts dans le nord-est. Les dégâts à bord du brick étaient très importants et la mise en route immédiate des pompes fut décidée. Malgré cela ce fut insuffisant pour garder l’Etoile des Mers à flot. Le capitaine Bedel consulta son collègue du « Briantais » et les principaux hommes de son équipage. A l’unanimité il fut décidé de mettre le feu à bord du navire et ensuite de l’abandonner. Le 17 mai le navire fut abandonné et l’équipage trouva refuge sur l’autre bateau. La brume s’était dissipée et le vent soufflait modérément du nord-est.
Soudain peu après minuit la chaîne de l’Etoile des Mers se brisa et le navire en flammes se mit à dériver. Cette dérive devint si dangereuse qu’elle fit craindre à tous les hommes montés sur le pont du « Briantais » une seconde collision. Immédiatement le capitaine Dupuy coupa sa chaîne. Cette sage et opportune décision lui permit d’échapper « d’un cheveu », ainsi que dirent les marins, et de s’éloigner de cette torche flottante qu’était devenu le brick-goélette. Toute la journée du lendemain « l’Etoile des Mers continua de brûler et il disparut de la surface de la mer vers minuit la nuit suivante. Le capitaine Dupuy se dirigea sur Saint-Pierre ou il arriva le 25 mai et on débarqua tous les naufragés de l’Etoile des Mers.