16/09/1867

Effroyable incendie qui réduit en cendres les deux tiers de Pierre à peine relevée des ruines de celui du 5 novembre 1865. Il prend naissance à 7 heures 1/2 du soir dans le grenier de la grande maison du sieur Le Provos, aubergiste, située au centre de la ville, rue du Barachois.
Le feu, favorisé par un temps sec et une assez légère brise, trouvant d’ailleurs un aliment favorable dans des maisons à deux étages absolument reliées entre elles, se propage avec une rapidité effrayante qui déjoue toute tentative d’isolement. A minuit, les travailleurs sont débordés de toute part et les pompes presque toutes hors de service.
On tente d’arrêter l’incendie dans l’une de ses extrémités, au S.E. de la ville où il existe quelques espaces entre les maisons permettant d’espérer de pouvoir en sauver quelques unes, à protéger le magasin général où sont toutes les ressources en vivres et la plus grande partie des objets que la population avait pu sauver; à protéger l’église dont l’incendie aurait entraîné infailliblement la perte du seul quartier encore debout et celle de l’hôtel du gouvernement et du palais de justice. Ces efforts sont couronnés de succès. L’église et le magasin général sont sauvés et, dans l’ouest, le feu s’arrête à la rue des Basques.
A trois heures du matin, on est maître du feu. La partie détruite s’étend depuis l’église à l’est jusqu’à la rue des basques, à l’ouest ; depuis le quai du sud jusqu’à la rue Félix, au nord ; l’hôtel et les bureaux de l’ordonnateur, l’inscription maritime, le trésor, les bureaux des ponts et chaussées, les magasins du port, la direction du port elle-même, le parc à charbon, sont consumés.
Toute la ville commerçante a brûlé. Le nombre des propriétés détruites s’élève à 250 dont 180 maisons d’habitation. Les pertes particulières s’élèvent à 3.000.000 de francs. Aucune victime.

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