Peu après 3 heures du matin, l’équipage entend un énorme bruit, tout le monde se précipite alors à la timonerie pour y découvrir que le navire n’a plus de pont ni de proue. Ne subsiste, aux regards des hommes, que la partie arrière sur quelques dizaines de mètres. Le navire s’est littéralement brisé en deux, la partie arrière portant la timonerie s’enfonçant immédiatement dans des eaux à deux degrés, le reste du cargo (environ 80 mètres) errant tel un vaisseau fantôme.
Les marins se rendant compte que leur refuge s’enfonce rapidement dans l’eau, et pris de panique, au moins 19 d’entre-eux se jettent à l’eau, tandis que six autres choisissent d’attendre sur place la montée des eaux.
Et ces derniers vont assister à un véritable film d’horreur. En effet, et bien que des canots aient été jetés à l’eau, ils voient leurs camarades se faire aspirer par le trou béant de la coque devant eux.
Un instant aussi, ils vivront un fol espoir, voyant surgir vers eux l’étrave d’un navire qu’ils croient venir leur porter secours. Le vaisseau passant à quelques mètres d’eux, ils découvrent alors la partie avant de leur propre navire. L’eau ayant rejoint les six hommes, ils sautent à leur tour pour nager sur une trentaine de mètres vers un canot de sauvetage. Le destin s’archarne contre eux puisque le canot est retourné, malgré l’énergie du désespoir qui les habite, ils n’arrivent pas à le redresser, le radeau de survie est véritablement collé à la surface comme une ventouse.
Au bout de leurs efforts, les six hommes choisissent dès lors de s’agripper dessus, ne laissant que les jambes dans l’eau, espérant des secours rapides. L’un d’entre eux soutiendra pendant plusieurs heures l’un de ses camarades complètement affaibli, et lorsque, par la force des choses, ce malheureux ne sera plus soutenu, il ne restera que quatre hommes acrochés au radeau, un autre ayant tout simplement disparu.
Quelques 6 heures plus tard, assommé par le froid, ne s’interrogeant même plus sur son avenir, l’un des hommes entend d’abord puis voit l’hélicoptère canadien de sauvetage. Les plongeurs les ayant rejoints, en 10 minutes, ils sont hélitreuillés à bord, avant d’être remenés sur St-Pierre où ils seront soignés au Centre hospitalier François Dunan.
D’après les témoignages des 4 rescapés, il y avait à bord 25 marins. Le temps n’étant pas très mauvais (vents de 70km/h et creux de 4 mètres), ce drame serait du à l’état de délabrement très avancé du cargo.