Texte extrait du bulletin 217 du Foyer Paroissial
15 Janvier 1942
Un peu de notre Histoire (209)
de 1841 à 1845 inclus
Le budget local.
Le rapport rédigé par M. Guichon de Granpnt, sous-commissaire de la marine, chef du service administratif, traite principalement, entre autres questions secondaires, de la création d’un droit de patente sur les négociants et marchands détaillants, de l’impôt sur les maisons, et du cours fixé des monaies étrangères, la discussion sur ce dernier sujet ayant été d’ailleurs déjà abordée dans de précédentes séances ainsi que les lecteurs ont pu s’en rendre compte, et sur lequel nous reviendrons.
Le doit de patente, écrit le rapporteur, existe dans toutes les autres colonie. Il se justifie par un principe de justice inscrit dans la Charte portant que tous les Français participent suivant leurs moyens aux charges de l’Etat.
C’est à ce moment que s’ouvre la discussion d’ailleurs très intéressantes sur la création de ce droit, entre les conseillers d’administration et les représentants les plus qualifiés du commerce, M.M. Duhamel Joseph, Méliord, gérant de la maison Campion et Théroulde, de Malvilain et d’Aigremont, appelés aux délibérations avec M. Rainaud, trésorier payeur.
On ne peut songer à transcrire intégralement ici les arguments soutenus en faveur ou contre le projet, question si difficile et si complexe à cette époque de notre histoire. Nous nous bornerons donc à faire un résumé ausi succint que possible de l’opinion émise par ceux des membres du Conseil qui prirent la parole, et malgré tout ce sera encore trop long; nous nous en excusons auprès des lecteurs.
M. Duhamel Jh – Je pense que l’établissement d’impôts dans la colonie est une contradiction avec le système de primes. Elle en paie déjà cependant, en proportion de sa population, à peu près autant qu’on en paie en France.
Il n’est pas exact de dire que le commerce de la morue soit beaucoup plus prospère qu’il était autrefois. Il a pris de l’extension, il est vrai, mais la diminution de la prime et le défaut de débouchés font qu’aujourd’hui le négociant se trouve fort heureux lorqu’il fait le pair sur ses produits.
S’il est vrai que le principal objet des établissements des colonies est d’être utile à la métropole, aucune ne la remplit mieux que celle-ci. Sur 250 navires qui viennent à Saint Pierre tous les ans, 200 environs n’y font que les affaires des négociants métropolitains et rien pour la population.
C’est un avantage pour la métropole, mais enfin il est juste qu’elle soutienne la colonie qui la lui procure.
(A suivre)
E.S.