Dans la nuit du 6 octobre 1841, la population de Miquelon entendit venant de la mer, plusieurs coups de canon. Soudain ce fut le silence. Que s’était-il passé ? Pendant près d’une semaine cette canonnade ne trouva parmi la population, aucune explication, jusqu’au jour où ce drame de la mer éclata dans toute son horreur. « La Vedette », un brick de guerre français s’était perdu corps et biens, sur les Veaux Marins, rochers situés a 6 milles marins dans l’ouest du Cap Blanc de Miquelon. Ce navire de guerre amenait à Saint-Pierre de nombreux passagers, fonctionnaires, sœurs de charité, frères des codes chrétiennes et un autre contingent de colons.
De nombreux cadavres vinrent s’échouer sur les grèves du littoral de la côte ouest de Miquelon. Parmi eux le corps de l’aumônier revêtu de ses habits sacerdotaux et portant au cou l’étole de miséricorde, ce qui prouve que tous ces malheureux reçurent l’absolution avant de mourir. Le corps d’un officier fut également trouvé sur la grève, ganté et en grande tenue, comme il connivent quand on va se fiancer avec la mort. Dans le courant du mois de novembre 1841, un pêcheur anglais découvrit dans l’Anse du Renard (Baie de Fortune, Terre-Neuve) un cadavre entièrement nu, dont une jambe s’était séparée du tronc et gisait à 20 mètres de distance. A un de ses bras était resté le poignet d’une manche d’habit encore fixée par deux petits boutons d’uniforme d’officier de la marine française. Après identification, il fut admis que ces restes étaient ceux du lieutenant de vaisseau de Cintré, commandant le brick de guerre « Vedette » perdu corps et biens le 6 octobre 1841, sur les Veaux-Marins.