29/12/1921 : Paul-Simone

Paul-Simone (Photo. Michel Brian-Ozon)

Dans la soirée du 29 décembre 1921 le gardien du phare de l’Ile aux Chiens rendit visite à la famille d’une de ses nièces, qui était la mère d’un des auteurs. C’était l’époque des grandes veillées en famille avec parties de cartes, se terminant par une substantielle collation.

Vers 23 h 30 le gardien de phare quitta sa famille pour regagner l’unique maisonnette bâtie au pied du phare, où il habitait avec sa vieille mère. Le vent commençait à souffler du Sud-Est avec, par intermittences, de forts grains de neige. Le phare de la Pointe Leconte est situé sur un tumulus ou plutôt sur une sorte de butte. Quand le gardien Poirier arriva au pied de cette butte, il entendit soudain des appels au secours. Pensant tout de suite à un naufrage il hâta le pas. Arrivé au pied du phare, son premier souci fut de fixer la lanterne pour constater qu’elle fonctionnait. A sa grande satisfaction il vit que tout était normal dans l’éclairage du phare.

Entrant dans sa maison, il alluma un grand fanal-tempête et se dirigea dans la direction d’où les cris lui parvenaient. Quand il arriva en haut des rochers un hurlement d’hommes en danger se fit entendre. Grâce à la lumière que projetait son fanal il parvint à descendre la petite falaise. Il vit une masse sombre à quelques mètres des rochers où la mer déjà déferlait avec force. Il cria qu’on lui envoie un filin. Un homme du bateau muni d’un orin réussit à atteindre le bout dehors (beaupré) et à jeter l’orin. Le gardien s’en saisit et demanda qu’on attache un cartahu sur le petit filin, pour qu’il puisse s’en saisir. En quelques minutes ce fut fait. Quand le gardien eut le cartahu en mains, il fit une boucle qu’il passa à son bras et il reprit l’escalade de la petite falaise. Il amarra le filin autour d’un gros rocher et les hommes du bateau le raidirent dans la hune. Ce fut le mousse âge de quatorze ans qui arriva le premier à terre, puis les hommes d’équipage ; le dernier, comme toujours dans les naufrages, fut le capitaine qui tomba dans les bras de Poirier dont il était un des meilleurs amis.

La cause du naufrage du Paul-Simone provenait du fait que le capitaine, connaissant très bien les côtes de Saint-Pierre, avait tenté de franchir la passe du Sud-Est avant la tempête de neige, mais trompé par un grain de neige et drosse par le courant, il avait manqué l’entrée.

L’endroit du naufrage était très mauvais ; au bout de quelques jours, le Paul-Simone qui était sur lest était brisé, des débris jonchant le littoral de l’île aux Chiens.

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