La perte de la goélette américaine « Massachusetts » est relatée dans un rapport officiel dressé par deux gendarmes de Saint-Pierre se nommant François Loup et Eugène Gicquel.
Ayant appris qu’un navire s’était échoué à un endroit nommé Petit Cap Noir, nous nous sommes rendus sur les lieux du naufrage de la goélette de pêche américaine qui était échouée à environ 6 mètres de la côte.
Le navire était continuellement balayé par d’énormes vagues et il nous a semblé que ce bateau avait terriblement souffert. Nous avons pensé que ce navire ne pouvait plus être sauvé. Au moment où nous sommes arrivés sur les lieux du naufrage, l’équipage avait déjà quitté le bord ; il ne nous semblait pas qu’il puisse être en danger.
Nous avons immédiatement effectué des recherches pour retrouver le capitaine. Il était dans un bar. Nous l’avons questionné et il nous a déclaré ce qui suit :
« Je suis sorti du port de Saint-Pierre, mais arrivé au large, j’ai constaté que le vent n’était pas favorable. De plus, j’avais oublié des papiers chez l’agent, Messieurs Folquet Frères. J’ai donc decidé de revenir au port. Mais au moment de la manœuvre qui consistait à virer de bord, le bateau n’a pas répondu et poussé par le courant très fort à l’entrée de la passe et le vent, le navire est venu s’échouer sur la pointe du Cap Noir. Avec mes 12 hommes formant mon équipage, et moi-même, nous avons réussi à gagner la terre sans le moindre incident. Mon navire est assuré mais j’ignore totalement dans quelle société. J’estime que mon bateau doit être considéré perte totale, sa cargaison se composant de 180 quintaux de morue salée ».
Le capitaine Angus Hines ajouta :
« le bateau était âgé de 12 ans, et était immatriculé à Gloucester (U.S.A.). Il appartenait à la Gordon Pew Fisheries de ce même port ».