L’Era était un navire américain chargé de marchandises diverses: phonographes, fusils et un grand nombre d’articles varies. Ce bateau fut jeté à la cote par une nuit d’encre. La nuit était telle que le capitaine donna ordre à ses hommes de mettre le feu dans des matelas pour leur permettre d’aborder la terre avec un peu plus de sécurité.
Le capitaine ordonna à son équipage de se munir de fusils car il avait peur d’être attaqué par les sauvages, à cause de leur destination qui était la Baie d’Hudson. La cargaison du navire devait être échangée avec les Indiens et les Esquimaux pour des fourrures devant être ensuite acheminées sur le marché de New-York.
Les flammes alimentées par les matelas attirèrent l’attention d’un gardien de phare, Monsieur Dodeman. Celui-ci accourut très vite sur les lieux et fut aimablement accueilli par les matelots armés jusqu’aux dents. Le gardien du phare leur expliqua en anglais qu’ils avaient fait naufrage non loin de la Pointe Plate aux îles Saint-Pierre et Miquelon. Mais ils refusèrent de le croire et continuèrent à braquer leurs fusils sur le pauvre gardien très peu rassuré, jusqu’au moment où ils se trouvèrent au pied de la tourelle du phare. Les naufrages furent réconfortés et hébergés chez les gardiens.
Une grande partie du chargement fut sauvée. En reconnaissance de l’hospitalité généreuse du gardien Dodeman, le capitaine de « l’Era » lui fit cadeau d’un phonographe et d’un fusil. 60 ans après, ces deux articles sont pieusement conservés chez les descendants de ce gardien de phare génereux, pour qui ces objets représentent plus que de simples reliques arrachées à la mer par leur aïeul dans la cale de « l’Era » au cours d’une nuit de tempête, au début du siècle.